Publié le 21 novembre 2019 Mis à jour le 18 mars 2020
Salle Anna AKHMATOVA
Salle Anna AKHMATOVA
Lieu(x)

Salle Anna AKHMATOVA
1er Étage Bâtiment "Le Manège"

Site Carnot
34, Avenue Carnot
63000 Clermont-Ferrand

Le Conseil de gestion de l'UFR LCC a décidé, le 15 février dernier, de mener une action participative auprès de tous les personnels de l'UFR pour trouver un nom à la nouvelle salle de travail des étudiants située au premier étage du Bâtiment "Le Manège" à Carnot. Après avoir reçu de nombreuses propositions (80), le Conseil de gestion du 22 mai a sélectionné 9 noms: - Simone VEIL - Gerda TARO - Anna AKHMATOVA - Hannah ARENDT - Primo LEVI - Nelson MANDELA - Gwendolyn BROOKS - Jane AUSTEN - Nelly BLY A la majorité des voix, le nom d'Anna AKHMATOVA a été retenu. Cette proposition émanait de M. Régis GAYRAUD, Professeur des Universités au département d'Études slaves. M. Patrick Del DUCA lui a remis son prix, un magnifique ouvrage de Thomas PESQUET : "La Terre vus du ciel".

Portrait Anna AKHMATOVA
Portrait Anna AKHMATOVA

Anna Akhmatova, née à Kiev en 1886, est une des grandes voix féminines russes du XXe siècles et un des plus grands poètes russes de tous les temps. S’affirmant très jeune à la tête de la poésie de son pays, elle est touchée de plein fouet par les vagues de répressions qui vont se succéder dès les années 1920 et tout au long des années 1930 et 1940 en URSS afin d’empêcher toute alternative intellectuelle et morale à la domination du Parti. Mais - raffinement dans la cruauté - pour l’atteindre dans son intégrité psychologique, ce n’est pas directement elle, mais son entourage, que l’on vise tout d’abord. C’est d’abord son premier mari, le poète « acméiste », comme elle, Nikolaï Goumilev, qui est fusillé en 1921, puis son deuxième mari, Nikolaï Pounine, qui est arrêté en 1935 et mourra dans un camp de concentration en 1953, et enfin son fils Lev Goumilev qui est à son tour emprisonné de 1938 à 1943 puis de 1949 à 1956. De même, la plupart de ses amis poètes et artistes qui n’ont pas émigré sont arrêtés, enfermés, torturés, exécutés. Elle-même, très connue à l’étranger avant la Révolution de 1917 (elle fut l’amie du peintre Modigliani à Paris dans sa jeunesse), eût pu aisément quitter son pays au cours des années vingt, mais elle reste en URSS pour partager le sort de ses compatriotes aux prises avec la terreur. Longtemps interdite de publication, dans une situation matérielle très précaire, elle résiste par et pour sa poésie, qu’elle apprend par cœur pour contrer le vol de ses manuscrits lors des perquisitions. Ses chefs-d’œuvre, Requiem (1935-1940), Poème sans héros (1940-1965), consacrés à la tragédie historique vécue par les Russes au XXe siècle, ne seront édités dans son pays que bien après sa mort en 1966. Porte-parole des centaines de femmes qui faisaient quotidiennement la queue devant les bâtiments de la police politique dans l’espoir d’obtenir des nouvelles des êtres chers déportés au Goulag, elle témoigne pour l’humanité entière de la cruauté paranoïaque du système totalitaire soviétique, mais son œuvre acquiert la puissance d’un modèle de résistance valable pour s’opposer à tous les systèmes totalitaires présents et à venir.